Accès hypertensif aigu










Mélanie Adda : Interne des hôpitaux de Paris.
Jean-Louis Teboul : Professeur des Universités, praticien hospitalier, service de réanimation médicale, CHU
Kremlin-Bicêtre, assistance publique hôpitaux de Paris, université Paris XI, 78, rue du Général-Leclerc, 94275 Le Kremlin-Bicêtre cedex, France.

Résumé. – La gravité d’un accès hypertensif aigu tient davantage à la présence de signes de souffrance viscérale qu’aux valeurs absolues de pression artérielle atteintes.Ainsi, les poussées hypertensives sans retentissement clinique sont distinguées des urgences hypertensives où la présence de signes de souffrance viscérale doit faire entreprendre rapidement un traitement antihypertensif.
 Les principales urgences hypertensives sont représentées par la dissection aortique, l’encéphalopathie hypertensive, l’ischémie coronaire aiguë, l’oedème aigu pulmonaire, l’éclampsie et l’insuffisance rénale aiguë.L’hypertension artérielle maligne est une urgence hypertensive particulièrement grave en raison du risque de cécité et d’insuffisance rénale irréversibles.
 Les crises catécholaminergiques et les accès hypertensifs postopératoires relèvent parfois d’un traitement urgent.La prise en charge thérapeutique des urgences hypertensives nécessite un traitement antihypertensif intraveineux et un monitorage hémodynamique, qui sont au mieux entrepris en unité de soins intensifs.En dehors de la dissection aortique, la pression artérielle ne doit pas être abaissée de plus de 20 % en quelques heures.
En effet, en particulier chez des malades dont les mécanismes d’autorégulation se sont précédemment adaptés à une hypertension chronique ou chez les sujets âgés, la réduction tensionnelle trop brutale risque d’induire des accidents ischémiques graves. Pour des raisons similaires, les accès hypertensifs accompagnant un accident vasculaire cérébral, même hémorragique, ne relèvent que rarement d’un traitement antihypertensif.
Les médicaments antihypertensifs de l’urgence sont représentés surtout par les formes injectables de nicardipine, d’urapidil et de labétalol.

Mots-clés : accès hypertensif aigu, urgence hypertensive, poussée hypertensive, HTA maligne, encéphalopathie, traitement antihypertensif. ambulance taysir tunisie

Introduction
Selon les recommandations émanant de différents comités d’experts [4, 5, 6], l’hypertension artérielle (HTA) est définie chez l’adulte par une pression artérielle systolique (PAS) supérieure ou égale à 140 mmHg et/ou une pression artérielle diastolique (PAD) supérieure ou égale à 90 mmHg. Trois stades d’HTA de sévérité croissante sont décrits en fonction des valeurs de pression. Le stade 1 (PAS comprise entre 140 et 159 mmHg et/ou PAD entre 90 et 99 mmHg) et le stade 2 (PAS comprise entre 160 et 179 mmHg et/ou PAD entre 100 et 109 mmHg) ne sont pas l’objet de ce chapitre.

Le stade 3 défini par une PAS supérieure ou égale à 180 mmHg et/ou une PAD supérieure ou égale à 110 mmHg, nécessite une prise en charge rapide dont le délai d’urgence est fonction de la situation clinique du patient. Trois situations sont généralement différenciées :
– l’élévation transitoire de la pression artérielle ou poussée hypertensive (équivalent de l’hypertensive urgency des Anglo- Saxons). Il n’existe pas de signe de souffrance viscérale ;
– l’urgence hypertensive (équivalent de l’hypertensive emergency des Anglo-Saxons). L’élévation tensionnelle est accompagnée d’une souffrance viscérale ;
– l’HTA maligne. Il s’agit de l’association de chiffres tensionnels très élevés et d’une rétinopathie hypertensive sévère. Il s’agit donc d’une forme particulière d’urgence hypertensive.

Épidémiologie. Physiopathologie
Un traitement au long cours bien suivi de l’HTA est susceptible de réduire l’incidence des complications [42]. Il en est probablement de même pour l’incidence des urgences hypertensives. De fait, de nos jours, moins de 1 % des sujets hypertendus présenteront un tableau d’HTA maligne [76]. Les principales victimes de cette maladie sont les sujets appartenant à un milieu défavorisé ainsi que les sujets peu observants aux traitements prescrits. L’étiologie la plus fréquente de l’HTA maligne est l’HTA essentielle.

Lorsqu’une cause est retrouvée, il s’agit d’une atteinte rénale parenchymateuse dans 80 % des cas.L’HTA maligne peut se développer chez un patient avec ou sans antécédent d’HTA. En raison des progrès thérapeutiques réalisés, le pronostic des patients présentant une HTA maligne est actuellement proche de celui de ceux ayant une HTA primaire sans complication [12].La physiopathologie de l’HTA maligne est encore mal connue. L’initiation de l’HTA maligne semble dépendre du caractère aigu de l’élévation tensionnelle liée à une vasoconstriction brutale principalement par activation du système rénineangiotensine- aldostérone [21, 45].L’angiotensine II est responsable d’effets cytotoxiques directs sur l’endothélium vasculaire, en partie par l’activation de gènes codant pour des cytokines proinflammatoires ou par l’activation de la transcription de facteurs nucléaires comme le NF-jkB [40, 43]. Lorsque l’hypertension est sévère et prolongée, les mécanismes compensateurs, tels que la libération endothéliale de vasodilatateurs de type oxyde nitrique, sont dépassés et une dysfonction endothéliale peut apparaître.
Des mécanismes comme l’activation de médiateurs pro-inflammatoires induite par la distension mécanique des vaisseaux [48], l’augmentation du calcium endothélial [74], la libération d’endothéline [35] ou la surexpression de molécules d’adhésion [78] participent à la dysfonction endothéliale. Au final, ces événements moléculaires augmentent la perméabilité endothéliale, inhibent l’activité locale fibrinolytique et activent la cascade de la coagulation.

Il en résulte une pérennisation de l’inflammation locale, la formation de microthromboses artériolaires et une perte de l’autorégulation normale. Ceci conduit au risque de vasoconstriction et d’ischémie locales créant un cercle vicieux que le traitement se doit de rompre.

Manifestations cliniques des accès hypertensifs
Avant même de parler d’accès hypertensif et de réagir en conséquence, il faut s’assurer que la mesure de la pression artérielle a été réalisée dans des conditions correctes. Le malade doit être allongé depuis au moins 5 minutes, à distance d’une prise de café ou de tabac. Le brassard doit être adapté à la morphologie du patient car un brassard trop petit expose au risque de surestimation . des valeurs tensionnelles. Si des pressions élevées sont mesurées, le médecin doit les vérifier lui-même après quelques minutes car dans un grand nombre de cas, des valeurs tensionnelles normales sont retrouvées à la seconde mesure. Si après 20 minutes de repos, les valeurs tensionnelles restent élevées, il faut déterminer l’urgence d’un traitement.

Situations exigeant la mise en route rapide d’une thérapeutique antihypertensive (urgences hypertensives) :
– hypertension artérielle maligne,
– dissection aortique aiguë,
– encéphalopathie hypertensive,
– éclampsie,
– infarctus du myocarde, angor instable,
– oedème aigu du poumon,
– crises catécholaminergiques (phéochromocytome, cocaïne, rebond après arrêt d’un traitement par antihypertenseur central, interactions alimentaires ou médicamenteuses avec inhibiteur de la monoamine-oxydase ([IMAO] non spécifique),
– microangiopathie thrombotique,
– insuffisance rénale aiguë,
– hypertension artérielle postopératoire.

En dehors de ces manifestations, il s’agit alors d’une poussée hypertensive isolée et un traitement antihypertensif d’urgence n’est pas justifié.

POUSSÉE HYPERTENSIVE
Le malade peut ne se plaindre d’aucun symptôme ou présenter des signes non spécifiques : épistaxis, céphalées, phosphènes, acouphènes et nycturie. Il n’existe aucun signe de mauvaise tolérance viscérale. Deux cas de figure peuvent se présenter :
– l’HTA peut être déjà connue et suivie au long cours.Il faut faire préciser au malade les moyens mis en oeuvre et les événements survenus depuis le début de la maladie : bilan étiologique,mesure ambulatoiredelapression artérielle
(MAPA), règles hygiénodiététiques, médicaments prescrits et observance, complications de la maladie ou du traitement déjà apparues. La généralisation de la MAPA a permis de révéler que des poussées hypertensives cédant spontanément, surviennent fréquemment chez tout malade hypertendu.
Il faut rechercher des facteurs ou des événements déclenchants :
- la rupture d’un traitement comportant un antihypertenseur central peut être la cause de la poussée hypertensive (effet rebond),
- d’autres facteurs déclenchants sont possibles : anxiété, douleur, globe vésical, hypercapnie, acidose, hypoglycémie, prise de cocaïne ou de médicaments réduisant l’efficacité d’un traitement antihypertensif (anti-inflammatoires non stéroïdiens, pansements gastriques).
Le contrôle du facteur déclenchant permet le retour à des valeurs tensionnelles normales ;
– le malade peut être habituellement normotendu ou l’hypertension jusque-là méconnue. Un facteur déclenchant est souvent mis en évidence. Son contrôle et la mise au repos s’accompagnent en général de la normalisation de la pression artérielle, rendant inutile le recours à un traitement antihypertensif d’urgence.
Le patient doit être revu ultérieurement en consultation afin de confirmer un diagnostic d’HTA permanente qui nécessiterait une prise en charge au long cours [4, 6].

HTA MALIGNE
Elle se définit par une pression artérielle très élevée (habituellement PAD > 130 mmHg) associée à une rétinopathie hypertensive sévère (hémorragies, exsudats, voire oedème papillaire). L’interrogatoire retrouve une altération récente de l’état général, un amaigrissement et une soif intense en rapport avec une hypovolémie secondaire à une polyurie par natriurèse de pression [49]. Ces signes doivent conduire à la pratique du fond d’oeil qui affirme le diagnostic. Le tableau peut s’accompagner de céphalées, d’oedème aigu du poumon, d’ischémie myocardique, d’accidents vasculaires cérébraux et rarement d’encéphalopathie hypertensive. Le patient doit être pris en charge en unité de soins intensifs où un traitement par vasodilatateurs intraveineux, associé souvent à un remplissage vasculaire, sera rapidement institué.
Le pronostic tient à l’apparition d’une néphroangiosclérose rénale maligne, qui se caractérise histologiquement par une nécrose fibrinoïde prédominant sur les artérioles afférentes et les artères interlobulaires.L’insuffisance rénale aiguë favorisée par l’hypovolémie est souvent associée à une microangiopathie thrombotique comportant biologiquement une thrombopénie et une anémie hémolytique avec schizocytose et test de Coombs négatif. Dans un premier temps, sous traitement, la fonction rénale peut se détériorer, mais s’améliore ultérieurement si le contrôle de la pression artérielle est maintenu [37]. Les patients qui sont hémodialysés peuvent après plusieurs mois d’évolution recouvrer une fonction rénale permettant l’arrêt des séances de dialyse.

URGENCES HYPERTENSIVES (EN DEHORS DE L’HTA MALIGNE)
L’urgence hypertensive est définie par l’association d’une brusque élévation tensionnelle par rapport aux chiffres habituels et d’une souffrance viscérale aiguë mettant en jeu le pronostic vital.L’HTA pouvant contribuer à l’aggravation de la défaillance organique, son traitement doit être institué rapidement.
 Les urgences hypertensives sont représentées par l’encéphalopathie hypertensive, la dissection aortique, l’ischémie coronaire aiguë, l’oedème aigu pulmonaire, l’éclampsie et l’insuffisance rénale aiguë.
Les accidents vasculaires cérébraux très souvent accompagnés d’accès hypertensifs doivent être envisagés séparément.

Encéphalopathie hypertensive
Il s’agit d’un tableau clinique associant élévation brutale de la pression artérielle, céphalées d’intensité progressive, nausées, vomissements et troubles visuels.
Rapidement peuvent apparaître confusion ou altération de la conscience.Des convulsions localisées ou généralisées peuvent être la manifestation clinique inaugurale ou au premier plan [19]. Habituellement, ces symptômes s’installent progressivement sur 24 à 48 heures, ce qui permet de différencier l’encéphalopathie hypertensive du tableau d’hémorragie intracrânienne.Les symptômes de l’encéphalopathie sont réversibles avec la réduction de la pression artérielle
. En l’absence de traitement, l’évolution se fait vers un coma rapidement fatal.
 Il faut noter que l’encéphalopathie hypertensive peut survenir avec ou sans protéinurie et/ou rétinopathie.
Un fond d’oeil normal n’élimine donc pas le diagnostic.Le scanner cérébral permet d’éliminer une hémorragie intracérébrale.L’électroencéphalogramme peut montrer la perte du rythme alpha postérieur prédominant, un ralentissement généralisé de l’activité électrique ainsi que des décharges épileptiques postérieures.
L’encéphalopathie hypertensive peut survenir chez un patient souffrant d’une HTA chronique, souvent essentielle, et accompagner le tableau de l’HTA maligne.
Elle peut aussi survenir chez des patients antérieurement sains soumis à une brusque augmentation de la pression artérielle.
Ainsi, l’encéphalopathie hypertensive peut se rencontrer en cas de néphropathie glomérulaire aiguë, d’éclampsie [38], de purpura thrombotique thrombocytopénique [8], de phéochromocytome, d’utilisation de thérapeutiques immunosuppressives [28, 30, 73], d’érythropoïétine [18] ou de ciclosporine [23]. L’encéphalopathie hypertensive est secondaire à une hyperperfusion cérébrale, créant une dysfonction endothéliale avec augmentation de la perméabilité microvasculaire favorisant l’oedème cérébral.

Les études autopsiques ont montré des lésions d’oedème cérébral et artérioloalvéolaires à type de nécrose fibrinoïde et de thrombi de fibrine, associées à des micro-infarctus [71].
Les événements caractéristiques de l’encéphalopathie hypertensive surviennent lorsque les mécanismes d’autorégulation cérébrale sont dépassés.
À l’état normal, l’autorégulation cérébrale permet de maintenir constant le débit de perfusion cérébrale pour des variations de pression artérielle moyenne (PAM) entre 70 et 150 mmHg (fig 1). Le cerveau peut compenser une élévation tensionnelle à l’intérieur de ces limites en mettant en jeu des mécanismes produisant une vasoconstriction qui limite l’hyperperfusion. Chez le sujet hypertendu, les valeurs-seuils d’autorégulation sont supérieures, si bien que le débit cérébral est maintenu constant pour des PAM entre 120 et 180 mmHg (fig 1) [64, 69, 70] permettant, en quelque sorte, une protection du cerveau du sujet hypertendu vis-à-vis des fortes pressions artérielles. Ce n’est que lorsque les mécanismes d’autorégulation sont dépassés que se produit une vasodilatation et que l’oedème cérébral se développe. Les sujets non hypertendus peuvent développer une encéphalopathie pour des valeurs tensionnelles moins élevées que les malades hypertendus chroniques aux seuils d’autorégulation plus élevés.

Dissection aortique aiguë
Le diagnostic doit être évoqué chez tout malade se plaignant de douleurs thoracique, dorsale ou abdominale, associées à des chiffres tensionnels élevés. L’examen clinique recherche une asymétrie des pouls ou de la pression artérielle, un souffle sur un trajet vasculaire, un souffle d’insuffisance aortique, une ischémie cérébrale ou de membre. La radiographie de thorax peut parfois orienter lediagnostic par l’élargissement du médiastin, mais les deux examens de référence sont l’angioscanner thoracique [46] et l’échographie transoesophagienne [52]. L’aortographie n’est réalisée qu’en cas d’images difficilement interprétables. L’IRM [68] est un très bon moyen diagnostique, mais son accès est généralement limité dans le cadre de l’urgence.

Ischémie coronaire aiguë : angor et infarctus du myocarde
L’ischémie myocardique peut être accompagnée d’un accès hypertensif. L’origine de l’élévation tensionnelle est en grande partie liée au stress de la douleur.
Un mécanisme réflexe initié au niveau du ventricule gauche ischémié a aussi été évoqué [22, 31].

OEdème aigu du poumon
Une poussée d’insuffisance cardiaque aiguë avec oedème aigu du poumon peut s’accompagner d’un accès hypertensif qui constitue à l’évidence un facteur causal ou aggravant de l’oedème aigu du poumon par la considérable augmentation de l’impédance à l’éjection du ventricule gauche.

Prééclampsie et éclampsie
L’HTA est définie chez la femme enceinte lorsque la PAS est supérieure à 140 mmHg ou la PAD est supérieure à 90 mmHg. Elle est considérée comme sévère quand la PAD est supérieure à 110 mmHg. L’HTA peut exister avant la grossesse ou se révéler après la 20e semaine (hypertension gravidique).La prééclampsie (environ 3 % des grossesses) est définie par l’association à l’HTA (gravidique ou préexistante) d’une protéinurie (> 300 mg/j).La présence d’oedèmes est fréquente.
Dans le cadre du syndrome HELLP (haemolysis elevated liver enzyme and low platelets) peuvent s’associer des perturbations du bilan hépatique et du taux de plaquettes.Les facteurs favorisant la prééclampsie sont la primiparité, les âges maternels extrêmes, la prédisposition familiale, les grossesses gémellaires, la grossesse môlaire, le diabète, le lupus et l’hypertension artérielle essentielle.La physiopathologie de la prééclampsie reste mal connue [17, 58, 63].Le défaut d’implantation placentaire du trophoblaste résulterait en une élévation des résistances vasculaires placentaires, suivie d’anomalies immunologiques locales responsables d’une dysfonction endothéliale et de coagulation intravasculaire disséminée. Ceci entraîne une défaillance des mécanismes adaptatifs cardiovasculaires, caractéristiques de la grossesse normale, et in fine une augmentation des résistances vasculaires systémiques.
La prééclampsie sévère peut conduire à l’éclampsie.
Le tableau est alors complété par des troubles visuels, des convulsions généralisées, une oligurie et parfois une insuffisance cardiaque congestive ou un accident vasculaire cérébral.Les convulsions sont souvent précédées de signes prémonitoires : céphalées, douleurs abdominales, hyperréflexie ostéotendineuse et hémoconcentration. En l’absence de traitement l’évolution peut être fatale pour la mère.

Insuffisance rénale
L’insuffisance rénale aiguë est à la fois cause et conséquence de l’HTA.
Des pathologies telles que néphropathies glomérulaires aiguës, vascularites ou sténoses de l’artère rénale peuvent associer les deux pathologies.Des accès hypertensifs sévères peuvent conduire à une insuffisance rénale aiguë - répondant donc à la définition d’urgence hypertensive - ou aggraver une insuffisance rénale préexistante.L’HTA est la principale complication cardiovasculaire de l’insuffisance rénale chronique.
La cause de l’élévation tensionnelle est l’augmentation du volume extracellulaire et la vasoconstriction par activation du système rénineangiotensine [7].
Les patients hémodialysés, en particulier ceux recevant de l’érythropoïétine sont souvent hypertendus [44]. Les patients transplantés peuvent présenter différentes causes d’HTA : sténose au niveau du greffon, sécrétion de rénine par le rein natif, traitement par corticoïdes et ciclosporine [54].

Situations cliniques particulières
Crises catécholaminergiques
Sont inclus sous cette dénomination, le phéochromocytome, les dysautonomies telles que celles constatées dans le syndrome de Guillain-Barré, le sevrage brutal en antihypertenseurs centraux et les intoxications par certaines drogues ou médicaments [24].

Principaux médicaments et toxiques responsables d’accès hypertensif :
– adrénaline en collyre,
– alcools,
– androgènes,
– anorexigènes,
– antidépresseurs tricycliques, fluoxétine,
– anti-inflammatoires non stéroïdiens,
– bromocriptine,
– caféine,
– ciclosporine,
– cocaïne, amphétamines, LSD,
– contraceptifs oraux,
– corticoïdes,
– décongestionnants nasaux (phényléphrine),
– érythropoïétine,
– glycyrrhizine,
– IMAO non spécifique et aliments contenant de la tyramine,
– intoxication au lithium,
– kétamine.

France) combinée à l’ingestion d’aliments contenant de la tyramine (fromages fermentés, bières, foie de volaille, avocat, banane, chocolat, etc) peut aussi conduire à une crise catécholaminergique. Ces accès hypertensifs peuvent n’être que de simples poussées hypertensives ou s’accompagner d’un retentissement viscéral et nécessiter alors un traitement rapide.
Le phéochromocytome peut provoquer une HTA sévère, le plus souvent paroxystique, mais parfois permanente. L’épisode paroxystique est le plus souvent accompagné de la triade : céphalées pulsatiles, sueurs et palpitations [10].
L’association à une hypotension orthostatique est très évocatrice.
Les accès hypertensifs sont souvent provoqués (palpation abdominale, émotion, changement brutal de position, aliments contenant de la tyramine...).En plus des risques propres à tout accès hypertensif, la décharge de catécholamines expose à la mort subite par troubles du rythme cardiaque ou collapsus par choc adrénergique. Le dosage des métanéphrines urinaires est très fiable pour confirmer le diagnostic.

Accès hypertensif postopératoire
Un accès hypertensif postopératoire se produit dans 5 à 75% des suites précoces de chirurgie (délai de 2 à 6 heures environ) [27].
La chirurgie de pontage aortocoronaire, les opérations nécessitant un clampage de l’aorte et la chirurgie carotidienne sont les interventions le plus souvent suivies d’une poussée hypertensive en période postopératoire immédiate.
Le risque d’accès hypertensif postopératoire est lié pour les opérés antérieurement hypertendus ou non, en partie à la stimulation adrénergique qui se produit avant, pendant et après l’intervention [57]. Les autres facteurs étiologiques retrouvés sont une perturbation du système rénine-angiotensine, une altération des barorécepteurs [27] ou une rupture d’un traitement par antihypertenseur central [4]. L’élévation tensionnelle, même peu importante, risque de compromettre l’intégrité des sutures vasculaires.

Accidents vasculaires cérébraux
Les accidents vasculaires cérébraux, quelle que soit leur étiologie, sont accompagnés presque systématiquement d’une élévation d’au moins 10 % de la pression artérielle [41]. En effet l’accident vasculaire cérébral, tant ischémique qu’hémorragique, modifie les mécanismes d’autorégulation par le biais de substances vasoactives provenant du foyer lésé. La perfusion cérébrale des zones dites de pénombre (adjacentes à la lésion) devient alors directement dépendante de la pression artérielle. L’élévation tensionnelle observée à la phase aiguë pourrait être une réponse physiologique réflexe visant à maintenir une perfusion cérébrale suffisante. De fait, dans le cadre d’un accident vasculaire ischémique, il n’a jamais été démontré que l’hypertension avait un effet délétère sur l’évolution de l’épisode [33, 47].
Au demeurant, en l’absence de traitement hypotensif, la pression artérielle diminue spontanément progressivement dans les 10 jours suivant l’accident [41, 81]. De surcroît, ces accidents surviennent principalement chez des sujets préalablement hypertendus ayant, même lorsqu’ils sont déjà traités, des seuils inférieur et supérieur d’autorégulation élevés, permettant probablement une protection de leur cerveau vis-à-vis des effets de l’hypertension chronique [69]. La probabilité non négligeable pour ces patients d’avoir des sténoses athéromateuses des vaisseaux à destinée cérébrale accroît encore le risque d’hypoperfusion cérébrale en cas d’utilisation d’un traitement antihypertensif.


Prise en charge thérapeutique d'un accès hypertensif aigu





RECOMMANDATIONS GÉNÉRALES
Poussée hypertensive
Rappelons qu’un accès hypertensif aigu sans signe de souffrance viscérale ne nécessite pas la mise en route d’un traitement immédiat.Le repos et le contrôle des facteurs favorisants permettent le plus souvent le retour à des valeurs tensionnelles normales.Chez un sujet hypertendu connu, une réévaluation du traitement au long cours sera envisagée dans un second temps.Chez un sujet qui n’est pas connu comme hypertendu, un traitement oral à distance de la poussée est mis en oeuvre en cas de confirmation d’une maladie hypertensive authentique et après réalisation d’un bilan du retentissement, de l’étiologie et des facteurs de risque cardiovasculaires [6].Dans les rares cas où de fortes valeurs tensionnelles (PAS > 210 mmHg et/ou PAD > 120 mmHg) persistent malgré
le repos et le contrôle des facteurs favorisants, certains recommandent, en dépit de l’absence de retentissement viscéral, l’instauration le jour même d’un traitement antihypertensif oral [13].

Urgence hypertensive
L’accès aigu hypertensif avec signe de souffrance viscérale est une urgence thérapeutique.
Toutefois, il doit être rappelé que lors des accidents vasculaires cérébraux une grande prudence est de rigueur dans le traitement d’un accès hypertensif. Le traitement de l’urgence hypertensive se conçoit dans une unité de soins intensifs où seront réalisés simultanément le contrôle des facteurs favorisants d’élévation tensionnelle (anxiété, douleur, hypoxémie, hypercapnie, hypoglycémie, etc) et la mise en route d’un traitement antihypertensif par voie intraveineuse. Pour certains agents thérapeutiques un monitorage intra-artériel de la pression est souhaitable.


L’objectif du traitement n’est pas la normalisation immédiate des chiffres tensionnels mais plutôt un abaissement de la pression artérielle jusqu’à un certain niveau de sécurité, car la diminution brutale est souvent plus dangereuse que l’hypertension elle-même.En effet, en particulier chez des malades dont le mécanisme d’autorégulation s’est précédemment adapté à une HTA chronique [70] et/ou chez ceux ayant des facteurs de risque d’artériosclérose et/ou chez les sujets âgés, la réduction trop brutale de la pression artérielle risque d’induire des accidents ischémiques graves, tels que cécité corticale, hémiplégie, infarctus du myocarde, insuffisance rénale aiguë, etc. En conséquence, en présence d’une urgence hypertensive, la plupart des experts recommandent de ne pas abaisser la PAM de plus de 20 % dans un délai de quelques minutes à quelques heures [4, 11, 22, 76, 77] .
 Lorsque dans certains cas (dissection aortique),
il s’avère cependant indispensable de faire chuter de plus de 20 % la PAM, la surveillance neurologique
doit être particulièrement étroite pour détecter les premiers signes d’hypoperfusion cérébrale tels que nausées, céphalées, confusion, ralentissement psychomoteur ou agitation. L’efficacité thérapeutique d’un traitement antihypertensif est requise dans l’heure, sauf dans le cas de la dissection de l’aorte où un contrôle tensionnel est exigé dans les 10 minutes.
Les médicaments proposés pour le traitement de l’urgence hypertensive doivent répondre à plusieurs critères :
– utilisation par voie intraveineuse,
– rapidité d’action,
– titrabilité aisée,
– demi-vie courte permettant un maniement plus souple. Leurs effets secondaires sont parfois des facteurs limitant leur utilisation.
L’administration des traitements antihypertensifs par voie sublinguale, naguère très prisée, est désormais strictement proscrite car pouvant générer des épisodes hypotensifs sévères et peu contrôlables [25]. Dans les cas où une hypovolémie est présente (HTA maligne), un remplissage vasculaire peut s’avérer nécessaire, d’autant plus que l’utilisation d’un agent vasodilatateur à effet veineux peut accroître le risque de désamorçage de la pompe cardiaque et donc de survenue d’un collapsus sévère. C’est souligner la nécessité d’un monitorage hémodynamique lors de la mise en route du traitement.
Lorsque le contrôle de la pression artérielle est obtenu, le relais per os doit être débuté.

AGENTS MÉDICAMENTEUX (tableaux I, II)
Nicardipine
La nicardipine est un inhibiteur des canaux calciques de la famille des dihydropyridines [1]. C’est un vasodilatateur artériel dépourvu d’activité inotrope négative. Cette molécule, par sa rapidité d’action, sa simplicité de prescription (posologie indépendante du poids) et par les preuves de son efficacité [27, 82, 83] est devenue le traitement de première intention des urgences hypertensives. Son autorisation de mise sur le marché (AMM) permet son utilisation dans les situations suivantes : toute urgence hypertensive, hypertension périopératoire, hypotension contrôlée en anesthésie. Ses inconvénients proviennent de la tachycardie réflexe devant rendre son emploi prudent chez le patient coronarien [4] et du risque de saignement gastro-intestinal [50].

Urapidil
Ce médicament:
est à la fois antagoniste des récepteurs a1 postsynaptiques périphériques et agoniste des récepteurs 5-HT1A centraux. Son action vasodilatatrice ne s’accompagne pas de tachycardie réflexe, ni de modification significative du système rénine-angiotensine. L’urapidil diminue à la fois la précharge et la postcharge cardiaques. Il exerce de plus une vasodilatation sélective pulmonaire et rénale [32, 75]. De bonne tolérance, son unique contreindication est le rétrécissement aortique. Ses indications actuelles sont les urgences hypertensives et les hypertensions périopératoires.

Labétalol
C’est un agent à la fois alpha- et bêtabloquant d’intérêt reconnu dans la majorité des urgences hypertensives [16] sauf l’insuffisance cardiaque aiguë. Ses avantages sont le maintien des débits cardiaque, cérébral et coronaire et une bonne tolérance clinique, si les contre-indications habituelles des bêtabloquants sont respectées.

Nitroprussiate de sodium
Le nitroprussiate est un vasodilatateur artériel et veineux provoquant une diminution simultanée de la précharge et de la postcharge cardiaques, ce qui le rend particulièrement intéressant dans l’accès hypertensif accompagné d’insuffisance cardiaque. Ses avantages sont sa rapidité d’action et sa durée d’action courte.
Cependant, il possède de nombreux inconvénients :
– en augmentant la pression intracrânienne, il diminue le débit cérébral [3] ;
– il peut provoquer, par un phénomène de vol coronaire, une réduction significative du débit coronaire [39]. Cet effet explique sans doute pourquoi le nitroprussiate administré quelques heures après un infarctus du myocarde compliqué d’insuffisance cardiaque [15] a été associé à un risque accru de mortalité, dans un essai contrôlé randomisé contre placebo ;
– les autres effets secondaires décrits sont une ototoxicité [60] et une augmentation du shunt intrapulmonaire [2] ;

– la limite principale d’utilisation du nitroprussiate est sa toxicité.
En effet, le nitroprussiate est métabolisé en cyanure, lui-même converti dans le foie en thiocyanate [51], métabolite éliminé par le rein et cent fois moins toxique que le cyanure. En cas d’insuffisance rénale et/ou hépatique, il existe donc un risque fort d’intoxication au cyanure [59]. Celle-ci, par perturbation de la respiration cellulaire, peut conduire à la survenue de troubles neurologiques irréversibles et à l’extrême d’un arrêt cardiaque [59, 80]. Les dosages sanguins de thiocyanates manquent de sensibilité pour détecter un début de toxicité. L’administration en perfusion continue d’hydroxycobalamine peut prévenir ou traiter la toxicité du nitroprussiate [76].

Le nitroprussiate, longtemps antihypertenseur de référence [14], est actuellement bien moins employé en première intention du fait de ses effets secondaires et de l’existence de substances au maniement plus simple [76]. Toutefois, il peut être utilisé dans les urgences hypertensives très sévères, notamment en cas d’encéphalopathie hypertensive et en cas d’insuffisance cardiaque.

Dérivés nitrés : trinitrine et isosorbide dinitrate
Les dérivés nitrés sont des vasodilatateurs mixtes à effet veineux prédominant diminuant la précharge cardiaque. Leurs inconvénients sont un effet tachycardisant et une diminution du débit cardiaque.
Leur indication est reconnue en cas d’ischémie myocardique.
Furosémide et bumétanide
Ces diurétiques de l’anse ne sont indiqués qu’en cas de signes de surcharge circulatoire et en particulier d’oedème pulmonaire [9].
Leurs effets secondaires sont dominés par l’hypokaliémie [72].
Esmolol
Il s’agit d’un bêtabloquant cardiosélectif d’action rapide (1 minute) et brève (10-20 minutes). Ses avantages sont un effet ralentisseur des tachycardies supraventriculaires et un métabolisme indépendant du foie et du rein.
Son emploi est intéressant dans les poussées hypertensives périopératoires mais déconseillé dans les crises catécholaminergiques car la stimulation alpha persistante provoque une majoration de l’hypertension par vasoconstriction.


Médicaments antihypertensifs abandonnés dans le cadre de l’urgence
La forme injectable de l’hydralazine a été retirée du marché.
La phentolamine, la clonidine, le diazoxide et la nifédipine (en administration sublinguale) [25, 61], ne font plus partie de l’arsenal thérapeutique des urgences hypertensives.

Autres agents disponibles dans les pays anglo-saxons
Le fenoldopam [62] est un agent dopamine DA1 agoniste provoquant une vasodilatation et une natriurèse sans activation a1 ou b1. Il peut être utilisé dans toutes les urgences hypertensives et particulièrement en cas d’insuffisance rénale. L’énalaprilate, inhibiteur de l’enzyme de conversion injectable, est particulièrement indiqué en cas d’insuffisance cardiaque.

INDICATIONS PARTICULIÈRES
Encéphalopathie hypertensive
Pour toutes les raisons déjà évoquées, la diminution de la PAM doit être d’au plus 20 % la première heure avec un objectif de PAD de 100-110 mmHg.

Dissection aortique
La mortalité de la dissection aortique reste élevée [55]. En conséquence, sa prise en charge doit être entreprise d’extrême urgence en unité de soins intensifs. Le but du traitement médical est d’obtenir rapidement une PAS inférieure à 100-110 mmHg. Ce n’est pas uniquement l’effet hypotensif qui est recherché, mais la diminution de la force du flux pulsatile sur la paroi aortique pour limiter l’extension de la déchirure intimale. En cas de forte présomption diagnostique, l’abaissement tensionnel peut se justifier avant la confirmation du diagnostic. Si les dissections de type A (avec atteinte de l’aorte ascendante) réclament un avis chirurgical, le type B (dissection débutant après l’origine de l’artère sousclavière gauche) relève souvent du seul traitement médical [55]. Le labétalol seul [26] ou l’association bêtabloquant (esmolol, labétalol) et vasodilatateur (nicardipine, urapidil, voire nitroprussiate de sodium) sont indiqués.

Infarctus du myocarde
Le traitement de l’infarctus comporte l’utilisation des bêtabloquants en l’absence de contre-indication. En cas d’accès hypertensif, non maîtrisé par les bêtabloquants, l’emploi des dérivés nitrés est justifié.
La morphine est un complément thérapeutique efficace. Les vasodilatateurs purs ne sont pas indiqués. L’obtention d’une PAS inférieure à 180 mmHg permet la thrombolyse. Il faut veiller à maintenir la PAD supérieure à 80 mmHg pour ne pas compromettre la circulation coronaire.

OEdème aigu pulmonaire cardiogénique
Le traitement de première intention repose sur les dérivés nitrés et les diurétiques de l’anse en fonction de l’état d’hydratation d patient. Si ces traitements ne sont pas suffisamment efficaces, l’urapidil, la nicardipine, voire le nitroprussiate peuvent être utilisés.

Prééclampsie et éclampsie
En cas de prééclampsie, il est prudent d’hospitaliser la patiente pour décider de l’induction du travail si le terme est proche. L’expectative est désormais habituelle avant 37 semaines d’aménorrhée sous condition d’une surveillance maternofoetale rigoureuse [65, 66]. Le plus souvent, l’accouchement, quel que soit l’âge de la grossesse, s’impose si l’hypertension sévère persiste plus de 48 heures sous traitement ou en cas de diminution du taux de plaquettes, d’élévation des transaminases, d’insuffisance rénale, de signes de souffrance foetale ou de signes prémonitoires d’éclampsie [17, 67].
En cas d’éclampsie, le traitement antihypertensif est indiqué si la PAS est supérieure à 180 mmHg, la PAD supérieure à 110 mmHg ou si l’élévation tensionnelle met en jeu le pronostic vital maternel.
Toutefois, il est recommandé de maintenir la PAD supérieure à 90 mmHg pour permettre la perfusion utéroplacentaire. Les médicaments préconisés sont le labétalol [36, 79], l’urapidil ou la nicardipine. Cependant, l’effet hypotensif des inhibiteurs calciques peut être dangereusement potentialisé par le sulfate de magnésium, traitement montré plus efficace que la phénytoïne ou le diazépam pour prévenir ou traiter les convulsions de l’éclampsie [20, 34].

L’extraction foetale s’impose dès que la situation se stabilise.
Phéochromocytome et crises catécholaminergiques
Les agents thérapeutiques de choix sont l’urapidil et la nicardipine, sachant que le nitroprussiate est une alternative possible.L’emploi des agents bêtabloquants purs est contre-indiqué
dans les crises catécholaminergiques en raison du risque d’hypertension paradoxale par augmentation de la vasoconstriction.
La prise de cocaïne peut entraîner une vasoconstriction coronaire justifiant l’emploi des dérivés nitrés. La nicardipine peut être employée en cas d’accès hypertensif sévère, mais les bêtabloquants sont contreindiqués [29]. Les benzodiazépines représentent un traitement adjuvant souvent efficace.

Accès hypertensif postopératoire
L’hypertension per- et postopératoire est de mécanisme essentiellement adrénergique. Différents agents peuvent être utilisés : nicardipine, nitroprussiate de sodium, urapidil, esmolol ou labétalol. La nicardipine qui est très utilisée [27] peut être à l’origine de saignements périopératoires [84].

Accidents vasculaires cérébraux
Il faut rappeler qu’en cas d’accident vasculaire cérébral, il est préférable de ne pas modifier l’équilibre tensionnel physiologique afin de ne pas provoquer d’accident ischémique iatrogénique supplémentaire. Ainsi, une PAS entre 180 et 190 mmHg et une PAD entre 100 et 120 mmHg sont tout à fait tolérables. Ce n’est que lorsqu’un accident vasculaire cérébral est associé à une dissection aortique, à une ischémie myocardique ou à une PAD supérieure à 120 mmHg que sera débuté un traitement antihypertensif avec une diminution progressive et contrôlée des chiffres d’au plus 25 % du niveau de départ [11]. Les médicaments recommandés sont le labétalol et l’urapidil. Dans le cas des hémorragies intracérébrales qui induisent presque toujours une élévation de la pression intracrânienne et une dégradation du système d’autorégulation des zones entourant la lésion, l’élévation réflexe de la pression artérielle systémique permet de maintenir la pression de perfusion cérébrale qui est égale à la différence entre la PAM et la pression intracrânienne. Il semble plus logique en la circonstance de réduire la pression intracrânienne médicalement, voire chirurgicalement, que de diminuer directement les pressions systémiques pour restaurer un débit satisfaisant de perfusion cérébrale. Au demeurant, au décours d’une hémorragie cérébrale, il a été montré que la diminution rapide de la pression artérielle augmente la mortalité [56].

Lors d’hémorragies sous-arachnoïdiennes, il existe un risque d’hémorragie intracérébrale ou d’hydrocéphalie aiguë quand la PAS est supérieure à 160 mmHg ou quand la PAM est supérieure à 110 mmHg. Si une de ces complications est déjà présente, une diminution de la PAM risque d’être délétère pour les raisons déjà évoquées. En leur absence, l’autorégulation cérébrale n’est pas altérée de façon supplémentaire par l’accident vasculaire. Toutefois, le traitement antihypertensif doit être manié avec prudence car, après 48 heures, le risque de survenue d’un vasospasme n’est pas négligeable. Le contrôle tensionnel doit être réalisé en milieu spécialisé grâce aux données du doppler transcrânien. La nimodipine, agent de la famille des dihydropyridines qui préviendrait le vasospasme, pourrait trouver sa place [1, 53].


Points essentiels
- L’accès hypertensif aigu est défini par l’élévation brutale de la pression artérielle systolique (PAS) à une valeur supérieure à 180 mmHget/ou de la pression artérielle diastolique (PAD) à une valeur supérieure à 110 mmHg.
- La gravité d’un accès hypertensif aigu tient davantage à la présence de signes de souffrance viscérale qu’aux valeurs absolues de pression artérielle atteintes.
- Seules les urgences hypertensives définies par la présence d’une souffrance viscérale aiguë (dissection aortique, encéphalopathie hypertensive, ischémie coronaire aiguë, oedème aigu pulmonaire, éclampsie et insuffisance rénale aiguë) doivent faire entreprendre rapidement un traitement antihypertensif.
- L’hypertension artérielle maligne est une urgence hypertensive particulièrement grave en raison du risque de cécité et d’insuffisance rénale irréversibles.
- La prise en charge thérapeutique des urgences hypertensives nécessite un traitement antihypertensif intraveineux et un monitorage hémodynamique. Elle est au mieux entreprise en unité de soins intensifs.
- En dehors de la dissection aortique, la pression artérielle ne doit pas être abaissée de plus de 20 % en quelques heures.
- En cas de dissection aortique aiguë, le but du traitement médical est d’obtenir une PAS inférieure à 100-110 mmHg dans les 10 premières minutes.
- Les accès hypertensifs accompagnant un accident vasculaire cérébral ne relèvent que rarement d’un traitement antihypertensif. En raison de la perturbation de l’autorégulation cérébrale qu’ils induisent, toute réduction de la pression artérielle risque de provoquer un accident ischémique iatrogénique supplémentaire.
- Les médicaments antihypertensifs de l’urgence sont représentés surtout par les formes injectables de nicardipine, de labétalol et l’urapidil.
- L’administration d’antihypertenseurs par voie sublinguale, en particulier la nifédipine, est désormais strictement proscrite car pouvant générer des épisodes hypotensifs sévères et peu contrôlables.





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