OBJECTIFS
● Diagnostiquer une hyperthyroïdie.
● Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient.
I
DÉFINITION :
L’hyperthyroïdie
constitue l’ensemble des troubles liés à l’excès d’hormones thyroïdiennes au
niveau des tissus cibles ; on parle de syndrome de thyrotoxicose, auquel
s’associent des troubles variés selon l’étiologie. La prévalence est élevée
mais variable selon les pays (0,2 à 1,9 % toutes causes confondues). Le
sex-ratio est d’environ 7 (femme/homme).
II SYNDROME
DE THYROTOXICOSE
II.1 BASES PHYSIOPATHOLOGIQUES
La thyroïde est sous le contrôle de l’hormone hypophysaire
TSH (thyroid stimulating hormone) qui stimule, par l’intermédiaire d’un
récepteur membranaire (RTSH), toutes les étapes de la biosynthèse des hormones
thyroïdiennes ainsi que la croissance de la glande.
1. Biosynthèse des hormones
thyroïdiennes : La biosynthèse des hormones thyroïdiennes requiert les
étapes suivantes :
● captage de l’iodure par un transporteur spécifique (NIS : NaI
symporteur) ;
● organification de l’iodure par la thyroperoxydase (TPO) ;
● biosynthèse des hormones dans la cavité colloïde des vésicules
thyroïdiennes à partir de l’iodure et de la thyroglobuline (TG),
protéine spécifique produite par la thyroïde. Cette biosynthèse s’effectue sous
l’influence de la TPO, en présence de H2O2synthétisé par le système
NADPH-oxydase Duox-2. Chacune des protéines RTSH, TPO, TG est susceptible de se
comporter comme un autoantigène et d’être impliquée dans le développement des
maladies thyroïdiennes autoimmunes.
La thyroïde produit
majoritairement de la thyroxine (T4). La T4 est convertie en triiodothyronine
(T3), qui est l’hormone active, essentiellement dans le foie et le muscle
squelettique. La demi-vie de la T4 est de 5 jours environ. La concentration de
T4 n’est à l’équilibre que 5 à 6 semaines après chaque modification de la
production ou de l’apport de T4
2. Effets des hormones
thyroïdiennes :
Les hormones thyroïdiennes ont des effets
multiples par liaison de la T3 à son récepteur nucléaire (action génomique) :
● effets généraux :
○ augmentation de la production de chaleur,
○
augmentation d’énergie,
○
augmentation de la consommation en O2, avec élévation du métabolisme de
base (augmentation de la synthèse des enzymes mitochondriales) ;
● effets tissu-spécifiques :
○ effets
cardiovasculaires : vasodilatation (récepteurs musculaires lisses),
augmentation de la contractilité cardiaque et de la fréquence, diminution des
résistances périphériques, d’où l’augmentation du débit cardiaque ;
○ effets sur
le système nerveux : effet certain sur le développement neuronal du
fœtus, mécanisme mal connu chez l’adulte ;
○
augmentation du remodelage osseux au profit de l’ostéoclasie ; ○
stimulation de la lipogenèse et de la lipolyse au profit de cette
dernière ;
○
stimulation de la néoglucogenèse et de la glycogénolyse : augmentation de la
glycémie ;
○ effet
hypophysaire : diminution de la transcription des gènes de la TSH
(rétrocontrôle négatif hypophysaire).
II.2 MANIFESTATIONS CLINIQUES
Leur intensité dépend du degré de la thyrotoxicose, de sa
durée et du terrain. C’est l’association de plusieurs troubles qui fait évoquer
le diagnostic ; par ordre de fréquence décroissant, on trouve les
manifestations suivantes.
1. Troubles cardiovasculaires Quasi constants, ils doivent être distingués des complications cardiaques, ou cardiothyréose. Ils se caractérisent par :
1. Troubles cardiovasculaires Quasi constants, ils doivent être distingués des complications cardiaques, ou cardiothyréose. Ils se caractérisent par :
● une tachycardie régulière, sinusale, exagérée lors des efforts et des
émotions, persistant au repos, avec palpitations et parfois dyspnée
d’effort ;
● une augmentation de l’intensité des bruits du cœur (éréthisme), avec parfois un souffle systolique de débit ;
● un pouls vibrant, une élévation de la PA systolique.
2. Troubles neuropsychiques Ces troubles sont caractérisés par :
● une augmentation de l’intensité des bruits du cœur (éréthisme), avec parfois un souffle systolique de débit ;
● un pouls vibrant, une élévation de la PA systolique.
2. Troubles neuropsychiques Ces troubles sont caractérisés par :
● une
nervosité excessive, une agitation psychomotrice et une labilité de l’humeur ;
● un tremblement fin et régulier des extrémités (manœuvre « du serment ») ;
● une fatigue générale.
● insomnie.
● un tremblement fin et régulier des extrémités (manœuvre « du serment ») ;
● une fatigue générale.
● insomnie.
3. Thermophobie Elle est
accompagnée d’une hypersudation, avec les mains chaudes et moites.
4. Amaigrissement Cet
amaigrissement est :
● rapide et souvent important ;
● contrastant avec un appétit conservé ou augmenté (polyphagie) ;
● rarement suivi d’une prise paradoxale de poids lorsque la polyphagie
« dépasse » l’hypercatabolisme.
5. Autres signes Polydipsie :
conséquence de l’augmentation de la production de chaleur. Amyotrophie :
prédominant aux racines et accompagnée d’une diminution de la force musculaire
(signe « du tabouret »).
Augmentation de la fréquence des
selles:
● par accélération du transit ;
● avec parfois une véritable diarrhée motrice.
● par accélération du transit ;
● avec parfois une véritable diarrhée motrice.
Rétraction de la paupière
supérieure découvrant l’iris, avec asynergie oculopalpébrale (il existe une
innervation sympathique de la paupière supérieure, cf. infra), très rare en dehors
de la maladie de Basedow.
Rarement, gynécomastie chez
l’homme et troubles des règles (de tous types) chez la femme, mais la fertilité
est conservée le plus souvent.
II.3 EXAMENS COMPLÉMENTAIRES
1.
Confirmation de la
thyrotoxicose
· La TSH est effondrée, sauf dans certaines étiologies exceptionnelles (examen à demander en première ligne d’après l’HAS).
· L’élévation de la T4 libre ou de la T3 libre (il existe des hyperthyroïdies à T3 seule élevée) permet d’apprécier l’importance de la thyrotoxicose. Ces dosages sont demandés en 2eintention, en fonction du résultat de la TSH et du contexte clinique (d’après l’HAS).
· La TSH est effondrée, sauf dans certaines étiologies exceptionnelles (examen à demander en première ligne d’après l’HAS).
· L’élévation de la T4 libre ou de la T3 libre (il existe des hyperthyroïdies à T3 seule élevée) permet d’apprécier l’importance de la thyrotoxicose. Ces dosages sont demandés en 2eintention, en fonction du résultat de la TSH et du contexte clinique (d’après l’HAS).
2. Retentissement de la thyrotoxicose
Perturbations non spécifiques et non constantes, mais pouvant révéler la
maladie :
● Leuconeutropénie avec lymphocytose relative ;
● Elévation des enzymes hépatiques ;
● Diminution du cholestérol et des triglycérides (fonction des chiffres antérieurs) ;
● Hypercalcémie modérée ;
● Discrète hyperglycémie (parfois), et surtout aggravation d’un diabète associé.
● Leuconeutropénie avec lymphocytose relative ;
● Elévation des enzymes hépatiques ;
● Diminution du cholestérol et des triglycérides (fonction des chiffres antérieurs) ;
● Hypercalcémie modérée ;
● Discrète hyperglycémie (parfois), et surtout aggravation d’un diabète associé.
II.4 COMPLICATIONS DE LA THYROTOXICOSE
1. Complications cardiaques
(cardiothyréoses) Ces complications ont les caractéristiques suivantes :● Elles
peuvent être révélatrices ;
● Elles peuvent être graves ;
● Elles atteignent surtout les personnes fragiles : personnes âgées, personnes avec une pathologie cardiaque associée.
a. Troubles du rythme cardiaque : Il s’agit principalement de troubles du rythme supraventriculaires à type de fibrillation auriculaire (FA) (risque évalué à 30 % chez les personnes âgées ayant une TSH effondrée), et plus rarement de flutter ou de tachysystolie.
b. Insuffisance cardiaque L’insuffisance cardiaque est :
● Associée généralement à une FA ;
● Classiquement, à prédominance droite ;
● Accompagnée d’un débit cardiaque élevé ou normal.
c. Aggravation ou révélation d’une insuffisance coronaire : L’hyperthyroïdie ne crée pas la maladie mais peut l’aggraver du fait de l’augmentation du débit et de la consommation en O2du myocarde.
● Elles peuvent être graves ;
● Elles atteignent surtout les personnes fragiles : personnes âgées, personnes avec une pathologie cardiaque associée.
a. Troubles du rythme cardiaque : Il s’agit principalement de troubles du rythme supraventriculaires à type de fibrillation auriculaire (FA) (risque évalué à 30 % chez les personnes âgées ayant une TSH effondrée), et plus rarement de flutter ou de tachysystolie.
b. Insuffisance cardiaque L’insuffisance cardiaque est :
● Associée généralement à une FA ;
● Classiquement, à prédominance droite ;
● Accompagnée d’un débit cardiaque élevé ou normal.
c. Aggravation ou révélation d’une insuffisance coronaire : L’hyperthyroïdie ne crée pas la maladie mais peut l’aggraver du fait de l’augmentation du débit et de la consommation en O2du myocarde.
2.
Crise aiguë thyrotoxique :
Elle est exceptionnelle, survenant
surtout après thyroïdectomie en l’absence de préparation médicale. Exacerbation
des symptômes de l’hyperthyroïdie, avec fièvre, déshydratation, troubles
cardiovasculaires et neuropsychiques pouvant mettre en jeu le pronostic vital.
3.
Ostéoporose(cf. chapitre 8)
Surtout observée chez les femmes ménopausées, l’ostéoporose est due à l’action
ostéoclastique des hormones thyroïdiennes et prédomine au niveau du rachis avec
un risque de tassement vertébral.
III
ETIOLOGIE DES HYPERTHYROÏDIES
Une fois le diagnostic de thyrotoxicose établi, se pose la
question de son origine car les causes sont nombreuses. Parfois, le diagnostic
est évident cliniquement (présence d’une orbitopathie, par exemple) ; dans
d’autres cas, le diagnostic s’appuie sur des examens complémentaires.
Les causes les plus fréquentes sont en Europe, par ordre
décroissant :
● la maladie de Basedow ;
● le goitre multinodulaire toxique ;
● l’adénome toxique.
III.1 HYPERTHYROÏDIES D’ORIGINE AUTO-IMMUNE :
1.
Maladie de Basedow
(Graves’disease) :
Il
s’agit de la plus fréquente des causes d’hyperthyroïdie. Elle atteint dans
certaines séries 1,9 % des femmes et 0,4 % des hommes (soit 1 % de la
population). Elle touche surtout la femme jeune. Les caractéristiques de cette
maladie sont les suivantes :
● C’est une
maladie auto-immune due à des anticorps stimulant le récepteur de la TSH
● Elle
survient sur un terrain génétiquement prédisposé ;
● elle est
parfois associée à d’autres maladies auto-immunes, chez le propositus ou
dans la famille ;
● Elle
évolue spontanément par poussées, suivies de rémissions.
a. Particularités cliniques : Aux signes de thyrotoxicose, présents à des degrés divers, s’associent dans les formes typiques :
● Un goitre d’importance variable, diffus, homogène, élastique, vasculaire (présence d’un souffle à l’auscultation de la thyroïde) ;
a. Particularités cliniques : Aux signes de thyrotoxicose, présents à des degrés divers, s’associent dans les formes typiques :
● Un goitre d’importance variable, diffus, homogène, élastique, vasculaire (présence d’un souffle à l’auscultation de la thyroïde) ;
● Des manifestations oculaires (orbitopathie ou ophtalmopathie :
○ Spécifiques
de la maladie, mais inconstantes cliniquement (environ 50 % des cas,
surtout chez les fumeurs),
○ Dues à une
atteinte inflammatoire des muscles orbitaires (myosite), des tissus
péri-oculaires et de la graisse rétro-orbitaire,○ Sans
relation avec le degré de thyrotoxicose,
○ qui peuvent précéder, accompagner ou suivre la thyrotoxicose.
Goitre Manifestations
oculaires Les manifestations ophtalmologiques sont ● La rétraction palpébrale et
l’asynergie ;● Des signes inflammatoires : hyperhémie conjonctivale avec larmoiement,
picotements, photophobie ;
● Une
exopthtalmie (protrusion du globe oculaire, bilatérale mais souvent
asymétrique, réductible dans les formes non compliquées) :
○ Mesurable
grâce à l’ophtalmomètre de Hertel,
○ Oedème des
paupières pouvant masquer l’exophtalmie,
○ Inflammation
de la conjonctive avec chemosis,
○ Limitation
du mouvement du regard par atteinte d’un ou plusieurs muscles, pouvant
occasionner une diplopie. Les signes de gravité, tels qu’une orbitopathie
maligne, constituent une urgence.
L’orbitopathie basedowienne peut mettre en jeu le pronostic
visuel. Il existe plusieurs classifications appréciant l’importance des lésions
et leur gravité. Sont de mauvais pronostic :
● Une exophtalmie importante, non réductible, avec inocclusion
palpébrale : risque d’ulcération cornéenne ;
● La paralysie complète d’un ou plusieurs muscles (fausse paralysie par
rétraction musculaire) ;
● L’atteinte du nerf optique, par compression à l’apex orbitaire +++
(baisse de l’acuité visuelle) : neuropathie optique ;
● L’hypertonie oculaire avec souffrance papillaire due à la compression
du globe par les muscles rétractés.
b. Examens ophtalmologiques
systématiques +++. La collaboration d’un ophtalmologiste est indispensable pour
:
● la mesure de l’acuité visuelle ;
● l’étude de la cornée ;
● l’examen de l’état de la papille ;
● l’étude de l’oculomotricité, du champ visuel ;
● l’étude du tonus intraoculaire. Dans les formes importantes,
l’imagerie par IRM permet de mesurer le degré de protrusion, de visualiser
l’hypertrophie des muscles et de la graisse rétro-orbitaires et d’apprécier le
risque de compression du nerf optique ainsi que son caractère évolutif (hypersignal
en IRM).
c. Autres signes : La
dermopathie (myxœdème prétibial), exceptionnelle, a les caractéristiques
suivantes :
● Elle est de même nature que l’orbitopathie, et est spécifique
de la maladie de Basedow ;
● Elle se manifeste par un « placard » rouge, surélevé, induré de la
face antérieure des jambes, parfois des chevilles.
d. Examens complémentaires Lors
de manifestations oculaires spécifiques, le diagnostic de maladie de Basedow
est assuré. Dans les autres cas, il repose sur :
● L’échographie, montrant une glande globalement hypoéchogène et très
vascularisée ;
● La scintigraphie, montrant une hyperfixation diffuse et homogène de
l’isotope (figure 16.1). Dans les formes typiques (goitre diffus
soufflant, signes oculaires), elle n’est pas indispensable ;
● La mesure des anticorps antirécepteur de la TSH, en sachant :
○ que le titre initial n’a pas d’intérêt pronostique
○ qu’il est
sans intérêt d’en suivre l’évolution en cours de traitement (HAS) ;
○ qu’en fin
de traitement, leur persistance est un facteur prédisposant à la
rechute, tandis que leur disparition ne permet pas d’affirmer la guérison.
2. Autres hyperthyroïdies auto-immunes
a. Thyroïdite du
post-partum :
·
Il s’agit d’une variété de
thyroïdite auto-immune (« thyroïdite silencieuse », rarement observée en dehors
du post-partum) ou d’un traitement par interféron.
·
Elle touche environ 5 % des
femmes dans les semaines suivant l’accouchement, mais passe souvent inaperçue.
·
Elle peut récidiver après
chaque grossesse.
·
Elle se manifeste par une hyperthyroïdie
transitoire (avec scintigraphie « blanche » en raison de la lyse initiale des
thyréocytes et hypoéchogénicité de la glande), suivie d’une hypothyroïdie
transitoire (quoique parfois définitive).
·
Elle s’accompagne
d’anticorps anti-TPO très positifs.
b. Thyroïdite de Hashimoto :
Elle peut être
responsable dans sa phase initiale, quoique très rarement, d’une
hyperthyroïdie, ou « hashitoxicose ». Le tableau diffère de celui de la maladie
de Basedow :
·
Goitre irrégulier et très
ferme ;
·
Aspect hypoéchogène hétérogène et
pseudo-nodulaire à l’échographie ;
·
Fixation faible et
hétérogène de l’isotope en scintigraphie ;
·
Absence d’anticorps
antirécepteur de la TSH ;
·
Présence d’anticorps
anti-thyroperoxydase à un titre élevé.
III.2 NODULES THYROÏDIENS HYPERSÉCRÉTANTS :
Ces nodules se manifestent à un âge plus avancé que la
maladie de Basedow (patients plus fragiles ; les nodules toxiques peuvent être
révélés par une complication cardiaque). Ils se traduisent par un syndrome de
thyrotoxicose pur, sans atteinte oculaire.
1.
Goitre multinodulaire
toxique :
Le goitre multinodulaire toxique constitue
l’évolution naturelle des goitres multinodulaires anciens.
Ses caractéristiques sont les
suivantes :
● l’hyperthyroïdie peut être déclenchée par un apport massif d’iode
(examen avec produit de contraste iodé, médicament) ;
● l’examen clinique montre un goitre multinodulaire, confirmé par
l’échographie ;
● la scintigraphie, si elle est pratiquée, montre une alternance
de plages chaudes et froides (en « damier »).
2. Adénome toxique :
Les caractéristiques de l’adénome toxique sont
les suivantes :
● il est dû dans la plupart des cas à une mutation somatique,
activatrice du récepteur de la TSH ;
● l’examen clinique permet de palper un nodule unique, tissulaire ou
partiellement kystique à l’échographie ;
● la scintigraphie est nécessaire au diagnostic (figure 16.3) : hyperfixation
de l’isotope au niveau du nodule alors que le reste du parenchyme est
hypofixant ou froid (ou « éteint »), en raison de la diminution de la TSH.
III.3 HYPERTHYROÏDIES
IATROGÈNES
1.
Iode :
Les produits de contraste iodés et surtout
certains médicaments (amiodarone, CordaroneÒà 75 mg d’iode/cp) peuvent être
responsables d’une thyrotoxicose selon deux mécanismes :
● Effet de l’apport brutal d’iode sur une pathologie
thyroïdienne nodulaire préexistante : la thyroïde est dystrophique et
hypervascularisée à l’échographie, la scintigraphie montre des zones de
fixation au niveau des structures actives malgré la saturation ; cette forme
est appelée type I ou forme fonctionnelle ;
● Effet toxique de l’iode sur les thyréocytes entraînant une lyse des
cellules thyroïdiennes et une thyroïdite. La thyroïde est habituellement
d’aspect clinique normal, l’échographie montre une glande hypoéchogène homogène
et la scintigraphie montre une absence totale de fixation (figure 16.4) ; cette
forme est appelée type II ou forme lésionnelle. Fig. 16.4. Captation effondrée
de l’iode 123I en cas d’hyperthyroïdie induite par la CordaroneÒtype
● Les hyperthyroïdies à l’amiodarone ne doivent pas être
confondues avec le profil hormonal habituel sous ce traitement : T4 libre
élevée (car inhibition de la désiodation de la T4) mais T3 libre normale et TSH
normale ;
● Dans la mesure du possible, il faut éviter les produits de
contraste et les médicaments iodés chez les patients porteurs de goitres
nodulaires ;
● Un bilan thyroïdien est indispensable avant le début de traitement
par amiodarone (+++).
2.
Hormones thyroïdiennes
La prise d’hormones thyroïdiennes dans un
but d’amaigrissement, non toujours révélée par le patient, peut entraîner une
thyrotoxicose (thyrotoxicose « factice »). L’attention peut être attirée par la
profession médicale ou paramédicale du patient (accès facile aux médicaments)
et l’absence de dystrophie thyroïdienne (pas de goitre). Le diagnostic est
confirmé par la scintigraphie (absence de fixation) et par le dosage de la
thyroglobuline, effondrée, traduisant le freinage de la glande.
3.
Interféron (+++) :
Les
interférons sont des cytokines intervenant dans la régulation de l’immunité.
Ils sont actuellement une cause importante de disthyroïdie iatrogène. Les
dysthyroïdies sous interféron (asurtout, mais aussi b) sont fréquentes (5 à 40
% selon les séries) et surviennent surtout chez les patients prédisposés,
porteurs d’anticorps antithyroïdiens. Elles se présentent le plus souvent comme
des thyroïdites, avec éventuellement une phase d’hyperthyroïdie suivie
d’hypothyroïdie, mais aussi comme de véritables maladies de Basedow avec
présence d’anticorps antirécepteur de la TSH. Elles ne disparaissent pas
toujours après l’arrêt du traitement.
III.4 THYROÏDITE SUBAIGUË DE DE QUERVAIN :
La
thyroïdite subaiguë est une affection banale d’origine virale, atteignant
généralement toute la glande mais pouvant aussi être localisée, et qui :
● se traduit
par un état inflammatoire initial dans un contexte grippal, avec goitre dur
et douloureux, fièvre, augmentation importante de la vitesse de sédimentation
(VS) et de la CRP ;
● s’accompagne d’une phase initiale d’hyperthyroïdie (par lyse
des cellules), suivie d’une phase d’hypothyroïdie, puis récupération en 2 ou 3
mois. Le diagnostic est essentiellement clinique, mais peut être aidé par la
scintigraphie dans les cas difficiles (absence de fixation), voire par
l’échographie (aspect hypoéchogène). De plus en plus souvent, on observe une
forme atténuée en raison de l’automédication en aspirine et autres
anti-inflammatoires.
III.5 THYROTOXICOSE GESTATIONNELLE TRANSITOIRE :
Il s’agit d’une situation fréquente : 2 % des
grossesses. Elle est due à l’effet stimulant de l’hCG sur le récepteur de la
TSH. Elle se manifeste au premier trimestre de la grossesse par :
● une
nervosité excessive ;
● une
tachycardie ;
● l’absence
de prise de poids. Elle s’accompagne dans les formes sévères de vomissements
(hyperemesis gravidarium) et régresse spontanément en 2epartie de gestation.
Elle passe souvent inaperçue mais peut, rarement, créer une thyrotoxicose
importante, nécessitant un traitement transitoire et prudent. Elle est à
distinguer d’une maladie de Basedow (absence d’anticorps antirécepteurs de la
TSH).
III.6 CAUSES RARES :
Parmi ces autres
causes rares, on trouve :
● des
mutations activatrices germinales du récepteur de la TSH (maladie
familiale) ;
● des
métastases massives sécrétantes d’un cancer thyroïdien vésiculaire différencié ;
● des
tumeurs placentaires (môles hydatiformes) ou testiculaires sécrétant de l’hCG ;
● deux causes de thyrotoxicose avec TSH inadaptée (normale ou
parfois élevée) : un syndrome de résistance aux hormones thyroïdiennes
(mutation du récepteur baux hormones thyroïdiennes) et, plus rarement,
l’adénome hypophysaire (voir ce chapitre) sécrétant de la TSH (adénome
thyréotrope). Le profil hormonal très inhabituel doit faire rechercher ces deux
étiologies
IV FORMES CLINIQUES DES
THYROTOXICOSES
IV.1 CHEZ
L'ENFANT
Mis à part les rares cas de mutations génomiques activatrices du
récepteur de la TSH et les syndromes de résistance aux hormones thyroïdiennes,
il s’agit généralement d’une maladie de Basedow :
● soit
néonatale, par passage transplacentaire des anticorps maternels antirécepteurs
de la TSH (qui disparaissent en 3 mois) ;
● soit
acquise. Les manifestations sont une avance staturale et de la
maturation osseuse avec manifestations d’hyperactivité et les signes oculaires
de la maladie de Basedow.
IV.2 CHEZ LA
FEMME ENCEINTE Il s’agit d’une situation non exceptionnelle : thyrotoxicose
gestationnelle (2 % des grossesses) ou maladie de Basedow (0,2 % des
grossesses). Deux problèmes peuvent se poser :
● le passage
transplacentaire d’anticorps, en cas de maladie de Basedow, peut créer
une hyperthyroïdie fœtale et néonatale. Ces anticorps peuvent persister après
traitement préalable par l’iode 131I et doivent être recherchés même si la
maladie est apparemment guérie ;
● le passage
transplacentaire des antithyroïdiens de synthèse peut créer un goitre
et/ou une hypothyroïdie chez le fœtus. L’hyperthyroïdie de la femme enceinte
n’est pas une cause d’interruption thérapeutique de grossesse, mais il faut
éviter cette situation : lorsque l’hyperthyroïdie est connue avant la
grossesse, ne pas oublier la contraception.
IV.3 CHEZ LA
PERSONNE ÂGÉE :
La thyrotoxicose
peut évoluer à bas bruit et se manifester uniquement par une altération massive
de l’état général, avec fonte musculaire sévère, cachexie et insuffisance
cardiaque (forme apathique). Une thyrotoxicose, même minime et peu
symptomatique, peut suffire à déclencher des troubles du rythme et/ou une
insuffisance cardiaque. Il faut donc penser à cette affection dans ces
situations. Il s’agit le plus souvent d’un goitre multinodulaire toxique ou
d’un adénome toxique.
V TRAITEMENT DES THYROTOXICOSES :
Les thyrotoxicoses sont habituellement
traitées en ambulatoire, mais il faut identifier les situations urgentes
nécessitant une prise en charge immédiate, voire une hospitalisation. Les
situations urgentes sont :
● une crise
aiguë thyrotoxique ;
● une
cardiothyréose chez une personne âgée ou atteinte de maladie cardiaque ;
● une
orbitopathie maligne ;
● une forme
cachectisante du vieillard ;
● une
maladie de Basedow évolutive chez une femme enceinte.
V.1 MOYENS
THÉRAPEUTIQUES
1. Non
spécifiques : Les moyens non spécifiques sont :
● le repos,
et éventuellement un arrêt de travail ;
● les
sédatifs ;
● les
bêtabloquants, avec respect des contre-indications habituelles : ils
agissent rapidement et permettent d’attendre l’effet des traitements
spécifiques ; le propranolol (Avlocardyl®) est souvent choisi car il est non
cardiosélectif (il réduit la tachycardie mais aussi les tremblements) et inhibe
modérément la conversion de T4 en T3 par son action sur la monodéiodase de type
1 : posologie de 60 à 160 mg/24 h ;
● une
contraception efficace chez la femme jeune.
2. Spécifiques
a.
Antithyroïdiens de synthèse (ATS) Ce sont des dérivés des thiourées :
● carbimazole (NMZ,
Néomercazole®) : cp à 5 et 20 mg ;
●
propylthiouracyle (PTU, Proracyl®) : cp à 50 mg ;
●
benzylthiouracile (Basdène®) : cp à 25 mg, Thyrozol® (Methimazole) : cp à 5, 10
et 20 mg Ils ont plusieurs modes d’action :
● ils
inhibent la synthèse hormonale par blocage de la thyroperoxydase ; ils
n’empêchent pas la sécrétion des hormones thyroïdiennes déjà synthétisées : un
délai de 10 à 15 jours est nécessaire à leur action ;
● en outre,
le PTU inhibe la monodéiodase de type 1 et la conversion de T4 en T3 ;
● ils ont un
effet purement suspensif. Les posologies habituelles sont des doses
d’attaque de 30 à 60 mg/j de Néomercazole®ou 300 à 600 mg/j de PTU (10 fois
moins actif) pendant 4 à 6 semaines, suivies de doses dégressives, adaptées en
fonction de la clinique et de la biologie.
Les effets
secondaires sont les suivants :
● des
allergies cutanées ; allergie croisée possible entre les différents ATS ;
● une
élévation des enzymes hépatiques ;
● une
neutropénie ;
● et surtout
une agranulocytose, brutale (immunoallergique), rare (0,1 % de tous les
traitements) mais grave.
La surveillance
recommandée d’après l’ANAES consiste à :
● doser la
T4 libre (ou la T3 libre en cas d’hyperthyroïdie à T3) à la 4e semaine.
Une fois l’euthyroïdie obtenue, effectuer un dosage de la T4 libre et de la TSH
tous les 3 à 4 mois. En effet, l’inertie à la normalisation de la TSH peut
conduire à des erreurs d’interprétation ;
● surveiller
la NFS tous les 10 jours pendant les 2 premiers mois, et avertir le
patient d’arrêter le traitement et de faire une NFS en cas de fièvre élevée.
b. Traitement
chirurgical : Thyroïdectomie totale, ou quasi totale, et bilatérale en cas
de maladie de Basedow, après une préparation médicale ayant permis d’obtenir
l’euthyroïdie (+++) : ATS pendant 2 ou 3 mois pour éviter une crise toxique
postopératoire.
Le risque de lésion des parathyroïdes et des
nerfs récurrents est minime avec un chirurgien entraîné à cette chirurgie, mais
n’est pas nul. En avertir le patient. Thyroïdectomie totale bilatérale en cas
de goitre multinodulaire toxique après une préparation médicale courte si
nécessaire (pas de risque de crise toxique). Même risque parathyroïdien et
récurrentiel.
Lobectomie du
côté de la lésion en cas d’adénome toxique, après une préparation médicale
courte si nécessaire. c. Traitement par radio-iode (131I) Ce traitement a pour
but de détruire la thyroïde ou les zones hyperactives par irradiation interne[
(cf.note : 1) ]. Il s’agit d’un traitement simple (ne nécessitant pas
d’hospitalisation en dessous d’une certaine dosimétrie) et sans danger (pas de
risque génétique ou de cancérisation secondaire démontré). Un délai de 1 à 2
mois, voire plus, est nécessaire à son action. Il est contre-indiqué chez la
femme enceinte (faire un dosage des hCG avant l’administration). Préconiser une
contraception efficace ensuite pendant 6 mois chez la femme jeune.
V.2 INDICATIONS
ET RÉSULTATS :
Les indications et les résultats seront fonction
de l’étiologie.
1. Maladie de Basedow :Aucun traitement de la maladie de Basedow n’est parfait puisqu’aucun n’agit sur la cause de la maladie. Aussi, l’attitude thérapeutique varie-t-elle selon les patients et les habitudes des équipes. Après ATS, la rechute survient dans 40 à 60 % des cas, surtout dans la première année. La thyroïdectomie conduit à une hypothyroïdie définitive. Le radio-iode entraîne une hypothyroïdie dans plus de 50 % des cas, en quelques années. Il existe un risque d’aggravation de l’orbitopathie (par lyse des cellules thyroïdiennes et libération d’antigène) qui peut être prévenu par corticothérapie.
En France, l’attitude habituelle est le plus souvent la suivante, dans les formes non compliquées :
● un traitement médical pendant 1 à 2 ans : dose d’attaque puis, soit des doses dégressives en fonction des résultats, soit un maintien de fortes doses en ajoutant de la thyroxine pour compenser l’hypothyroïdie iatrogène ;
● si une rechute survient : proposition de traitement radical, soit par chirurgie en cas de gros goitre, soit par radio-iode, avant tout indiqué chez les personnes âgées ou ayant récidivé après thyroïdectomie, mais de plus en plus utilisé à tout âge sauf contre-indication.
Aux États-Unis, pour des raisons économiques, le radio-iode est souvent utilisé en première intention, quel que soit l’âge du patient. Dans tous les cas, la surveillance des patients doit être prolongée : des récidives ou une hypothyroïdie peuvent survenir des années après l’épisode initial.
2. Adénome toxique et goitre multinodulaire toxique : Le traitement médical seul ne peut obtenir la guérison (pas de rémission spontanée). Les traitements possibles sont :
● la chirurgie ;
● l’iode 131I, utilisé en France surtout chez les personnes âgées.
● Le risque d’hypothyroïdie secondaire est moindre que dans la maladie de Basedow.
3. Hyperthyroïdies induites par l’iode :Arrêt du produit responsable après accord du cardiologue en cas de traitement par amiodarone. L’efficacité de cet arrêt sur l’évolution de l’hyperthyroïdie n’a en fait pas été demandée. Les bêtabloquants et les sédatifs sont toujours utiles. Le choix du traitement selon le mécanisme (ATS ou corticoïdes) doit être discuté en milieu spécialisé.
4. Thyroïdite subaiguë :Le traitement de la maladie est le traitement anti-inflammatoire (non stéroïdien, ou corticoïde dans les formes importantes : 1 à 2 mg/kg, puis doses dégressives sur 2 à 3 mois). Un traitement trop court expose à une rechute. Le bref épisode de thyrotoxicose est traité par bêtabloquant.
1. Maladie de Basedow :Aucun traitement de la maladie de Basedow n’est parfait puisqu’aucun n’agit sur la cause de la maladie. Aussi, l’attitude thérapeutique varie-t-elle selon les patients et les habitudes des équipes. Après ATS, la rechute survient dans 40 à 60 % des cas, surtout dans la première année. La thyroïdectomie conduit à une hypothyroïdie définitive. Le radio-iode entraîne une hypothyroïdie dans plus de 50 % des cas, en quelques années. Il existe un risque d’aggravation de l’orbitopathie (par lyse des cellules thyroïdiennes et libération d’antigène) qui peut être prévenu par corticothérapie.
En France, l’attitude habituelle est le plus souvent la suivante, dans les formes non compliquées :
● un traitement médical pendant 1 à 2 ans : dose d’attaque puis, soit des doses dégressives en fonction des résultats, soit un maintien de fortes doses en ajoutant de la thyroxine pour compenser l’hypothyroïdie iatrogène ;
● si une rechute survient : proposition de traitement radical, soit par chirurgie en cas de gros goitre, soit par radio-iode, avant tout indiqué chez les personnes âgées ou ayant récidivé après thyroïdectomie, mais de plus en plus utilisé à tout âge sauf contre-indication.
Aux États-Unis, pour des raisons économiques, le radio-iode est souvent utilisé en première intention, quel que soit l’âge du patient. Dans tous les cas, la surveillance des patients doit être prolongée : des récidives ou une hypothyroïdie peuvent survenir des années après l’épisode initial.
2. Adénome toxique et goitre multinodulaire toxique : Le traitement médical seul ne peut obtenir la guérison (pas de rémission spontanée). Les traitements possibles sont :
● la chirurgie ;
● l’iode 131I, utilisé en France surtout chez les personnes âgées.
● Le risque d’hypothyroïdie secondaire est moindre que dans la maladie de Basedow.
3. Hyperthyroïdies induites par l’iode :Arrêt du produit responsable après accord du cardiologue en cas de traitement par amiodarone. L’efficacité de cet arrêt sur l’évolution de l’hyperthyroïdie n’a en fait pas été demandée. Les bêtabloquants et les sédatifs sont toujours utiles. Le choix du traitement selon le mécanisme (ATS ou corticoïdes) doit être discuté en milieu spécialisé.
4. Thyroïdite subaiguë :Le traitement de la maladie est le traitement anti-inflammatoire (non stéroïdien, ou corticoïde dans les formes importantes : 1 à 2 mg/kg, puis doses dégressives sur 2 à 3 mois). Un traitement trop court expose à une rechute. Le bref épisode de thyrotoxicose est traité par bêtabloquant.
V.3 TRAITEMENT
DES FORMES PARTICULIÈRES :
1. Cardiothyréose :
a. Traitement symptomatique :L’hospitalisation est souhaitable chez les personnes âgées et/ou à l’état cardiaque précaire. Concernant le trouble du rythme cardiaque sans insuffisance cardiaque, le propranolol est le traitement de choix, mais il existe un risque thromboembolique et les anticoagulants sont nécessaires. Il n’y a pas de cardioversion tant que l’hyperthyroïdie persiste (risque de récidive). Dans le cas d’une aggravation d’une insuffisance coronaire, les bêtabloquants constituent une bonne indication.En cas d’insuffisance cardiaque, on peut proposer :
● les tonicardiaques, les diurétiques, les vasodilatateurs, qui sont utiles mais souvent insuffisants à eux seuls ;
● le propranolol, qui constitue une bonne indication car le débit est normal ou élevé, mais il faut surveiller la tolérance myocardique ;
● les anticoagulants, en cas de trouble du rythme et/ou d’insuffisance cardiaque globale. Prise en charge en collaboration avec le cardiologue.
b. Traitement de la thyrotoxicose : Il est indispensable et se réalise de la façon suivante :
● utilisation d’antithyroïdiens de synthèse, parfois à forte dose jusqu’à obtention de l’euthyroïdie ;
● puis traitement définitif, de préférence par radio-iode en raison de la gravité de la complication et du terrain, en attendant sa pleine action sous couvert d’ATS.
a. Traitement symptomatique :L’hospitalisation est souhaitable chez les personnes âgées et/ou à l’état cardiaque précaire. Concernant le trouble du rythme cardiaque sans insuffisance cardiaque, le propranolol est le traitement de choix, mais il existe un risque thromboembolique et les anticoagulants sont nécessaires. Il n’y a pas de cardioversion tant que l’hyperthyroïdie persiste (risque de récidive). Dans le cas d’une aggravation d’une insuffisance coronaire, les bêtabloquants constituent une bonne indication.En cas d’insuffisance cardiaque, on peut proposer :
● les tonicardiaques, les diurétiques, les vasodilatateurs, qui sont utiles mais souvent insuffisants à eux seuls ;
● le propranolol, qui constitue une bonne indication car le débit est normal ou élevé, mais il faut surveiller la tolérance myocardique ;
● les anticoagulants, en cas de trouble du rythme et/ou d’insuffisance cardiaque globale. Prise en charge en collaboration avec le cardiologue.
b. Traitement de la thyrotoxicose : Il est indispensable et se réalise de la façon suivante :
● utilisation d’antithyroïdiens de synthèse, parfois à forte dose jusqu’à obtention de l’euthyroïdie ;
● puis traitement définitif, de préférence par radio-iode en raison de la gravité de la complication et du terrain, en attendant sa pleine action sous couvert d’ATS.
2.
Crise aiguë thyrotoxique :
La crise aiguë thyrotoxique
nécessite :
● une hospitalisation en unité de soins intensifs ;
● des mesures générales de réanimation (lutte contre
l’hyperthermie, la déshydratation)
● un ATS à forte dose par sonde gastrique ;
● du propranolol par voie veineuse ;
● des corticoïdes par voie veineuse, voire des échanges plasmatiques ;
● l’iode à forte dose après 24 h d’ATS. Tous ces traitements
doivent être menés en milieu spécialisé.
3.
Orbitopathie :
Le traitement antithyroïdien n’a
aucun effet direct sur l’orbitopathie qui n’est pas due à la thyrotoxicose,
mais l’obtention de l’euthyroïdie en évitant le passage en hypothyroïdie peut
améliorer l’état orbitaire. L’iode 131I est susceptible d’aggraver
l’orbitopathie L’orbitopathie simple
nécessite de petits moyens : collyres protecteurs, port de verres teintés, et
il est conseillé de dormir avec la tête surélevée ; prismes en cas de diplopie.
L’orbitopathie maligne nécessite une décision thérapeutique en milieu
spécialisé.
On dispose de :
● corticothérapie à forte dose (1 à 2 mg/kg) puis dose dégressive :
le traitement peut être initié par des bolus de corticoïdes IV ;
● radiothérapie orbitaire ;
● chirurgie de décompression ;
● chirurgie plastique et reconstructive en cas de séquelles importantes
et après l’épisode inflammatoire. Dans tous les cas : arrêt du tabac.
4.
Hyperthyroïdie chez la
femme enceinte :
Elle doit être traitée et
surveillée en milieu spécialisé pour trouver un équilibre entre le risque de
l’hyperthyroïdie maternelle et celui de l’hypothyroïdie fœtale iatrogène. D’où
la nécessité d’évaluer le risque d’hyperthyroïdie fœtale. Suivi obstétrical et
endocrinologique rapproché et en alternance.
a.
Thyrotoxicose
gestationnelle transitoire :
Elle nécessite le repos au calme,
et éventuellement des bêtabloquants en attendant la régression spontanée.
b.
Maladie de Basedow :
Les ATS passent la barrière
placentaire et la thyroïde fœtale est fonctionnelle à partir de la 20esemaine.
Les formes mineures demandent des moyens adjuvants (repos) en attendant sous
surveillance étroite une rémission spontanée, qui se produit souvent en 2e
partie de grossesse. Pour les formes plus importantes, on emploie les ATS à
faible dose de façon à maintenir la T4 libre à la limite supérieure de la
normale. Le PTU est classiquement préféré au NMZ, car s’il passe autant la
barrière placentaire, il n’a jamais été décrit à ce jour de malformation avec
ce produit (on note de très rares aplasies du scalp et des malformations
œsophagiennes et des choanes avec le NMZ). L’emploi du propranolol est
possible. Dans les formes graves, la thyroïdectomie est possible à partir du
2etrimestre, après une préparation médicale. Elle est exceptionnellement
indiquée.
Dans tous les cas :
● surveillance rapprochée de la mère (3 semaines) : dosage des
hormones, des anticorps ;
● surveillance rapprochée du fœtus par échographie pour dépister une
hyperthyroïdie fœtale (tachycardie, goitre, avance de maturation osseuse) par
passage transplacentaire d’anticorps, ou un goitre fœtal par passage
transplacentaire d’ATS.
Après l’accouchement :
● surveillance de la mère : risque de rebond de l’hyperthyroïdie ;
●
surveillance du nouveau-né : thyrotoxicose néonatale ou hypothyroïdie iatrogène.
Les ATS sont sécrétés dans le lait (le PTU moins que le NMZ), mais à faibles
doses, l’allaitement est donc possible sans dommage. Son autorisation doit être
soumise à un avis spécialisé.
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