Intoxication éthylique aiguë



GÉNÉRALITÉS
L’IEA est une pathologie extrêmement fréquente et la proportion de patients alcooliques au sein d’un service d’urgence peut atteindre 25 % [94]. Une admission en réanimation sur 100 serait due à une IEA [93].
L’IEA, en dehors de sa gravité propre, est génératrice de pathologies traumatiques, qui s’expliquent en partie par la fréquence des accidents de voie publique (environ un conducteur sur cinq est un consommateur d’alcool [6]).Notamment, il semble que l’éthanol aggrave le pronostic des traumatismes crâniens graves, par le biais d’une majoration des agressions cérébrales secondaires d’origine systémique [97].
La dose létale chez le sujet sain est de 300 g (2 g·kg-1 chez l’enfant), ce qui correspond à une alcoolémie de 4 ou 5 g·L-1 environ.

CONSÉQUENCES MÉDICOCHIRURGICALES
L’IEA entraîne des signes essentiellement neurologiques. D’une part, l’effet hypnotique de l’éthanol provoque des troubles variables de la conscience (de la désinhibition au coma aréactif). D’autre part, l’IEA réalise un véritable syndrome cérébelleux expérimental. L’ivresse manifeste apparaît pour une éthanolémie supérieure à 2 g·L-1 chez un sujet non accoutumé.

L’éthanol est un puissant vasodilatateur, parfois responsable de collapsus chez un patient hypovolémique (vomissements, malnutrition, traumatisme). De plus, l’IEA est responsable d’une dysfonction ventriculaire par diminution de la fraction d’éjection et augmentation de la fréquence cardiaque. La réaction sympathique réflexe qui en découle semble être plus néfaste que bénéfique [50]. En effet, l’IEA favorise l’hyperexcitabilité myocardique, avec allongement de la conduction intra-auriculaire et de l’espace QT. Tous ces facteurs ont été incriminés dans les morts subites de l’éthylisme aigu [87]. Enfin, l’IEA inhibe la sécrétion d’hormone antidiurétique et peut provoquer une déshydratation par diabète insipide alcoolo-induit.
Les conséquences respiratoires des IEA sont essentiellement liées à la gravité du coma éthylique (pneumopathie d’inhalation, hypoventilation alvéolaire).
Les hypothermies accidentelles sont souvent négligées à tort au cours des IEA. Elles sont dues à l’incapacité liée à l’intoxication à se mobiliser et à la vasodilatation par l’éthanol, qui majore la thermolyse [26]. Ces hypothermies, associées à une pathologie traumatique, grèvent lourdement le pronostic des IEA [43].

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